Arrivée de l'Ambassadeur de Champagne

Au moins le trajet n'avait pas été trop long, l'ambassadeur de Champagne se trouvant en résidence à Anvers. Sorti d'une longue retraite, celui qui avait été si longtemps Chambellan de Champagne serait désormais Ambassadeur de Champagne auprès des Flandres, mission qu'il prendrait à coeur. Ainsi donc, après avoir été confortablement transporté dans un des carrosses aux armes des ambassades de Champagne et dont il se faisait un rare plaisir d'utiliser, le Seigneur d'Epernay, parvint à la Tour Sainte-Catherine, résidence des ambassades flamandes. Et bien sûr, il s'empressa de s'annoncer au garde :

Bien le bonjour, je suis son Excellence Jeanmerlin d'Epernay, nouvel ambassadeur de Champagne auprès des Flandres, voici ma lettre de créance :

Citation :

Aux autorités et à la population du Comté des Flandres

Nous, Brylastar, Seigneur de Blacy et La Queue en Brie, Chambellan de Champagne, déclarons et attestons que le Seigneur Jeanmerlin a été par nos soins nommé pour mener diplomatie auprès du Comté des Flandres.

Nous lui confions ainsi publiquement la charge de représenter la Champagne et ses intérêts en toute occasion. Nous espérons que les Flandres souriront à notre geste d'envoyer un ancien Chambellan aussi qualifié pour nous représenter en votre Comté.

Qu'il en soit ainsi et que tous confèrent à cette personne tout le respect et la dignité liés à sa charge.

Faict au Castel du Ratafia, résidence des Ambassades de Champagne,
le 11 novembre 1459,

Pour la Champagne,

Et d'ajouter :

Auriez-vous l'amabilité de bien vouloir m'annoncer ?

Le préposé à l’accueil, fort de sa valeur, de son rôle à jouer, quoiqu’aux manières des plus obséquieuses, semblait avoir présentement les faveurs de la Terreur. Non pas pour ses courbettes assurément bien réussis, ni pour son parlé aguerri, mais parce qu’il semblait avoir une analyse pertinente des individus qui se présentaient en Ambassade flamande et qu’il veillait toujours à en informer la Chancelière de ces contrées.
Alors, quand il vit débarquer un nouvel invité, il ne manqua nullement d’envoyer quérir un valet auprès de la maitresse des lieux avant que de se diriger vers lui.

Votre Excellence, quel ravissement pour moi que de vous accueillir en ces lieux. Puissiez-vous vous y sentir au mieux. La réception de la lettre est faite. Quelle bonne chose que voici !

Et la Deswaard d’arriver sur ces entrefaites, pâle, glaciale, fière allure et port altier. Un bref regard est échangé avec le préposé, qui lui indique grossièrement que tout semble être en ordre, comme demandé. Il se permet alors de présenter la Misanthrope invétérée, car il était connu qu’elle n’aimait guère à s’adonner à une telle activité.

Votre Excellence sera ravie de rencontrer Son Excellence la très diplomate Chancelière des Flandres, Quiou Deswaard de Noldor, Vicomtesse de Maldeghem et Dame de Beselare.

Tiquant quelque peu, bref rictus passager venant étioler son faciès empli de neutralité, elle poursuivit sur la lancée du subalterne.

Excellence, le Bonjour à vous.
Nous ne saurions vous abandonner plus longtemps en ces couloirs désœuvrés. Gageons que les locaux qui sont octroyés à la Champagne se montreront plus accueillants que ces dédalles.
Si vous vouliez bien me suivre.

D’un bref signe de la dextre, clé en main, elle indiqua la direction à emprunter, invitant l’Ambassadeur à s’y engager.

Son Excellence l'ambassadeur de Champagne demeura un bref instant songeur avant de penser fugacement une très froide Vicomtesse champenoise, l'on se demande bien pourquoi. Il ne manqua pas néanmoins de s'incliner très cordialement, pas décontenancé pour si peu :

Grand merci à vous, Excellence Chancelière, je vous suis de ce pas en ces bureaux.

Puis, marquant un pas, il s'enquit :

Ais-je un homologue flamand ?