Arrivée de l'ambassadrice de Bretagne

C'est avec un bonheur sans égal que la Sanzi, revenait sur les lieux qui l'avaient vue grandir. Fermant les yeux, elle respirait à pleins poumons l'odeur des couloirs du chateau.
Elle n'était encore jamais venue dans cette aile.
Faisant claquer ses gros sabots sur les dalles des couloirs elle pénétra dans la salle d'accueil.
Devait-elle etre comme on lui avait recommandé ? bien sage, bien polie, bien sérieuse, bien révérencieuse, bien tout quoi ? surement, oui ...
Mais Sanzi étant Sanzi, elle se laissa emporter par sa spontanéité et clama :

"Tadam !!! Regardez qui qu'est là !!! C'est moi, Sanzi ! ça vous épate, hein ! "

Puis l'air canaille elle ajouta dans une profonde révérence :

"Sanzi, ambassadrice de Bretagne, pour vous servir !"

Elle se releva et continua :

"Et je peux le prouver, hein !"

Elle ouvrit son panier et commença à déballer tout ce qu'elle y transportait, c'est à dire tout un tas de choses diverses et variées, normalement nécessaires à toute femme qui se respecte.
"Vous en faites pas, je vais trouver..." rassura-t-elle dans un sourire.

Après avoir vidé le contenu de son panier sur le sol sans trouver le précieux parchemin, elle se frappa le front du plat de la main :

"Ah ! J'avais oublié ! Il est dans ma poche !" rit -elle en brandissant la preuve de ce qu'elle avançait.

Citation :

Qu’il soit su de qui de droit,

Moi, Meiline Strandhögg, au nom sa Grâce Chimera de Dénéré-Malines Duchesse de Cholet, Baronne de Bubry, Chambellan du Grand Duché de Bretagne, nomme Demoiselle Sanzillusion, ambassadrice de Bretagne auprès du Comté des Flandres.

Sa prise de fonction est immédiate, elle est désormais la voix du Grand Duché en ces terres et saura le représenter avec toute la dignité requise et sa beauté.

d'al Lun 7 a viz Meurzh 1459

"Vous avez vu ? c'est marqué que je suis belle !" précisa-t-elle tout contente, en montrant du doigt les deux derniers mots du parchemin.

Habituellement, la journée d'un factionnaire est morne et sans surprise.
Garder la Chancellerie, encore et encore, de relève en relève. Faire les 100 pas... Jamais d'action... Qui, de toutes façons prendrait d'assaut cette tour? Elle ne recèle aucun trésor ni pouvoir, si ce n'est peut-être ces vieux documents poussiéreux qui s'y accumulent depuis des siècles. De plus, le fait que cette tour fasse partie de la structure du château lui fait bénéficier d'une garnison qui a tout ce qu'il y a de plus dissuasif pour ceux qui souhaiteraient faire les 400 coups ici.
Non, vraiment, qu'est ce qu'on s'ennuie à garder la Chancellerie... Heureusement qu'on y est au minimum à deux. Le temps passe moins lentement ainsi.

Le garde en était à ses réflexions sur l'ennui de sa condition, lorsqu'il vit approcher une jeune femme en sabots. Souriante et propre sur elle, en dépit de ce type de chausses peu courant en ces lieux.
Elle semblait porter beaucoup d'attention à ce qu'elle voyait autour d'elle et paraissait calme et de bonne humeur.
Il se préparait à lui adresser la parole, lorsque soudain l'attitude de la femme changea en un éclatement d'énergie joyeuse:

- Tadam !!! Regardez qui qu'est là !!! C'est moi, Sanzi ! ça vous épate, hein !

Le garde sursauta et eut un mouvement instinctif de recul vers son collègue, raidissant ses doigts sur le manche de sa lance.
Ventre Saint-Gris, qu'arrivait-il donc à la donzelle?
Elle enchaîna alors sur un sourire plein de dents et une large révérence.

- Sanzi, ambassadrice de Bretagne, pour vous servir !

Le garde eut un regard angoissé vers son collègue. Celui-ci avait les yeux écarquillés et la mâchoire pendante. Visiblement, il avait du mal à en croire ses yeux.

- Et je peux le prouver, hein !

Le garde sentait que quelque chose allait se produire. Et ça ne le rassurait pas du tout.

- Heu... Hans..., chuchota-t-il à son collègue hébété, qu'est ce qu'ils nous avaient dit, déjà, à l'instruction, en cas de rencontre avec un forcené?
- Je ne sais plus Peter... Ça fait longtemps.
- Reste près de moi, Hans...

La femme entrepris de fouiller dans le panier qu'elle portait au bras.

- C'est pas normal, Hans... j'ai peur. Sa voix défaillait.
- Tu crois qu'elle est armée?
- Je sais pas... Fais gaffe à ce qu'elle pourrait sortir de son panier.

Les objets qu'elle sortait du panier volaient en tous sens, rebondissant parfois sur les gardes ébahis et de plus en plus inquiets. Jusqu'à ce qu'elle se frappe soudain le front.
Les deux hommes tressaillirent et retinrent un cri, prêts à abaisser leur lance pour tenir l'étrange visiteuse à distance.

- Ah ! J'avais oublié ! Il est dans ma poche !

Elle éclata d'un rire franc et insouciant, exhibant fièrement un morceau de parchemin au bas duquel pendant un sceau.
Le premier garde avança prudemment la tête, comme si il craignait que la femme ou son parchemin ne lui sautent au visage. Il ne savait pas lire, mais l'habitude lui fit reconnaître une lettre de créance.
Toute excitée soit-elle, cette femme serait-elle bien une ambassadrice???! Peter ne savait plus que penser, ni comment réagir. Il chercha ses mots en bredouillant.

- Que se passe-t-il ici?

La voix, lourde et posée venait de derrière eux.
Les gardes se retournèrent et se mirent au garde-à-vous: le Chancelier venait d'apparaître, cherchant à comprendre ce qui pouvait entraver le passage habituel à l'entrée de la Chancellerie.

- Votre Excellence... je... nous... hem... Mademoiselle vient d'arriver. Elle dit être ambassadrice de Bretagne.
- Et c'est ainsi que vous accueillez une ambassadrice?!! Qu'attendiez-vous pour me prévenir?!

Guichard tourna la tête vers la nouvelle arrivante et se figea.

- Ah ça... ma parole, il me semble vous connaître...
Ses yeux s'écarquillèrent.
Palsambleu! C'est toi Sanzi???