D'un Brocéliande en Flandres

Ce fus le troisieme arret pour le nouveau diplomate. Après le Comté du Poitou et les terres ducales berrichonnes, le voilà arrivant en territoires flamands, avec une même missions, noué des liens diplomatiques. Même déplacement, même procédé. C'est donc une voiture précédé de deux cavaliers en armes hissant chacun une banniere auxcouleurs de la famille princière de Brocéliande et aux couleurs de l'Archiduché d'Anjou. Deux autres hommes d'armes montés, suivaient à l'arrière, protégeant le déplacement plus attentivement.

Une fois bien en place devant l'entrée de la tour, c'est l'un des assistants du jeune ambassadeur qui fut chargé de la mission du premier contact. Un homme, assez agé au vu de sa blanche chevelure et ses nombreux traits ridé, mais semblant plein d'assurance et donc d'experience, s'avanca vers l'un des gardes. « Veuillez annoncé à Son Excellence, le maitre de ces lieux, que l'ambassadeur de l'Archiduché d'Anjou aimerait obtenir un entretien, court, pour débuter sa mission diplomatique. » Il s'inclina doucement, avec le respect necessaire au statut de la personne, pui attendit une réponse.

C’est une pâle figure qui s’avance, qui murmure, peut être en transe, assurément flegme à souhait, marchant sans même envisager à longer les murs.
La Deswaard est chez elle, parmi quelques âmes dévouées, travaillant de concert pour la grandeur de quelques Grandeurs, de quelques idéaux pour le moins partagé.

Et tandis qu’elle arrive lentement à même l’extérieur de la Tour, où trône fièrement un carrosse conquérant, elle salue d’un bref hochement de tête, sec et froid, le féal de Brocéliande, vieux, en émoi, qui se fait la voix du Prince occupé pour le moment à patienter avant que d’être reçu convenablement.
Puis, sans plus tarder, la Terreur, de nuit vêtue, à la robe à tassel aussi noire qu’un cœur sans espoir, aux marmoréennes mains gantées de daims, au menton rehaussé, méprisable et méprisant, bien que jamais la chose ne fut recherchée, la Terreur, donc, s’en vient à parler pesamment.

Son Excellence la Maîtresse des lieux – que je suis - vous souhaite le Bonjour et vous mande de bien vouloir faire parvenir à Son Excellence d’Anjou ses excuses irrécusables quant à la mauvaise vertu qui est sienne et pour laquelle elle est ainsi faite.

La jolie correction ainsi réalisée, avec un semblant de dérision, et d’une bien belle manière quant au pseudo sexe faible dont elle était affublée et pour lequel il semblait (pour la seconde fois) qu’il n’était guère digne de pouvoir trôner à une si haute place puisqu’on la pensait encore issue du sexe fort, il était temps pour la Funeste de toiser plus nécessairement l’équipage, avant de faire revenir ses froides prunelles d’obsidiennes jusqu’au regard du vieillard.

Veuillez avoir l’heur d’informer Son Excellence d’Anjou que moi, Quiou Deswaard de Noldor, Vicomtesse de Maldeghem, Dame de Beselare et Chancelière de Flandres, accepte naturellement de le recevoir, pour une durée qu’il souhaitera prolonger ou non.

Cependant, il reste quelques inévitables et indiscutables règles qu’il ne me faut guère transgresser, ainsi devez-vous vous acquitter de la mission qui est votre, je le suppose, et qui consiste à me montrer la lettre de créance de Son Excellence.

Puis, tout en rajustant sa pelisse de Petit-Gris très prisée, elle attend, elle se tait.

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